Portrait de conseiller : Guilhem LESAFFRE

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Qui sont les conseillères et conseillers du CESE ? Chaque semaine, retrouvez le portrait d'une ou un membre du CESE : parcours, engagement dans la société civile organisée et ambitions pour leur mandat au sein de la troisième assemblée de la République... Focus sur celles et ceux qui forment la société agissante.

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Guilhem Lesaffre est avant tout un grand passionné : à la fois par l’enseignement, son métier pendant quarante ans ; et par la nature, depuis sa plus tendre enfance. La pédagogie est le maître mot du parcours de celui qui s’est d’abord formé seul à l’observation de la nature, avant de se rapprocher d’associations, en particulier la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), au nom de laquelle il siège au CESE et dont il est administrateur. En tant que professeur comme en tant que naturaliste, transmettre son savoir issu de sa longue expérience de terrain est sa priorité.

Une passion solidement ancrée pour la nature

Comment expliquer la naissance d’une passion qui a toujours été présente ? « Pas évident », pour Guilhem Lesaffre, dont l’enfance s’est principalement déroulée en ville. Il se rappelle du « bonheur pur » qu’il ressent pendant les vacances, lorsqu’il se rend avec sa famille dans les Cévennes ou les Pyrénées. Il s’intéresse d’abord aux pierres et aux insectes, dont il fait même une petite collection exposée dans sa chambre : son « petit musée ». De fil en aiguille, c’est l’observation des oiseaux qui devient son intérêt principal. Alors qu’il a une dizaine d’années, une rencontre est déterminante :

« Une amie de ma mère, qui était très sensible à la nature, m’a prêté un livre sur les oiseaux, et m’a donné une paire de jumelles. C’étaient des jumelles de théâtre, donc ça grossissait deux ou trois fois seulement ! Mais de fil en aiguille, ça m’a permis de faire mes premières observations. Et puis quand j’ai eu une quinzaine d’années, j’ai eu le désir de noter les observations que je faisais, sur un carnet. »

Pur autodidacte, il juge ses progrès « plutôt lents ». Il rejoint ainsi à 19 ans le Groupe ornithologique parisien, et entame un tournant dans sa vocation de naturaliste : il y découvre de nouvelles méthodes, un nouveau matériel et étend ses connaissances grâce à l’expertise des membres de l’association. Depuis, il n’a jamais cessé de siéger dans un Conseil d’administration d’ association naturaliste : il est aujourd’hui administrateur de la LPO, « association visible et reconnue, qui permet de se donner les moyens d’agir pour les valeurs qui sont les [siennes] ».

La transmission du savoir et la lutte contre l'érosion de la biodiversité, deux priorités essentielles

Que ce soit comme naturaliste ou comme professeur, Guilhem Lesaffre s’attache à accompagner les jeunes (et les moins jeunes) dans la découverte de la nature, par des actions de terrain ou par son approche de la littérature avec ses élèves. Et même avec ses propres petits-enfants, dont certains commencent à déjà s’intéresser et repérer des oiseaux.

« Via les associations, rien ne m’intéresse plus que de faire une sortie avec les parents et les enfants, et d’essayer de transmettre ce goût que j’ai, ces préoccupations qui sont les miennes. C’est aussi quelque chose que j’ai essayé de faire en tant que professeur de lettres : je ne me privais pas d’utiliser des textes contenant des allusions à la beauté de la nature et à la nécessité de la protéger. Le goût de la préservation doit bien sûr passer par une connaissance scientifique, mais aussi par une appréciation presque poétique. »

Guilhem Lesaffre est d’ailleurs aussi écrivain et traducteur, activité par laquelle il continue de transmettre son savoir et réunit ses deux passions : les lettres et les oiseaux. Parmi ses plus grandes fiertés, l’obtention du Grand Prix du Festival de la nature pour Le Grand Envol, consacré à la migration des oiseaux, résultat d’un « travail d’équipe » qui s’appuie sur ses années d’observations de terrain.

La sensibilisation à l’érosion de la biodiversité est une des grandes problématiques qu’il porte : très tôt, à travers ses observations de terrain, il se rend compte que les choses ne vont pas dans le bon sens : « les oiseaux se raréfient ». Au fil des années, les sciences participatives ont permis d’objectiver ce phénomène, et c’est notamment sur cette base qu’il lutte au sein de la LPO pour la protection des oiseaux. Parmi ses plus belles réussites, on retrouve les discussions ayant mené à la sortie de la pie bavarde de la liste des oiseaux nuisibles en région parisienne, une première en France, qui permet à cet oiseau de ne plus être piégé.

Au CESE, « une aventure humaine et un coup de fouet intellectuel »

C’est « un grand plaisir et une grande fierté » pour lui de siéger au CESE, où il démarre tout juste ses cinq années de mandat. Il y évoque à la fois l’aventure humaine et la solidarité entre les membres de son groupe Environnement et Nature, ainsi que l’aspect plus intellectuel qu’implique le rôle de conseiller.

« Le fait de siéger au CESE m’oblige à me pencher sur des dossiers que je ne connaissais pas, à découvrir des notions qui m’étaient mal connues ou étrangères. Et cela fait énormément de bien de se retrouver en situation d’apprenant ! »

Pour ce mandat, son ambition est d’être utile, et notamment vers un objectif qu’il juge fondamental : « participer à faire en sorte que le CESE soit plus connu et reconnu, ce qui est dans l’intérêt de la société civile, représentée au Conseil ».

S’il est désormais retraité de ses fonctions d’enseignant, sa vocation de naturaliste continue à se déployer et les projets aussi. Il souhaite en particulier retourner en Scandinavie, « retrouver les émotions de ces grands paysages dénudés de la toundra, et voir certains oiseaux qu’[il n’a] encore jamais vus, comme l’eider à tête grise ».


Crédits photo : Katrin Baumann